Julie Lassonde: a la rescousse des mines

Published: 11/07/2013

Présidente et PDG de Shear Diamonds Ltd.

Par Alexandra Lopez-Pacheco, CIM Magazine, juin/juillet 2012

Lorsque Julie Lassonde parle de sa carrière, de la résurrection de la mine de diamants Jericho au Nunavut par son entreprise et des défis, réussites et occasions connexes, ou du secteur minier en général, Julie exhale les qualités et la mentalité d’un leader. « Ma mère, une ingénieure en sciences nucléaires, fut la première femme à présider l’Ordre des ingénieurs de l’Ontario, rapporte Mme Lassonde. Pendant des années, je l’ai vue agir à titre de mentore pour de nombreuses ingénieures. Je nourris la même passion qu’elle envers le génie. Et aujourd’hui, je peux à mon tour encadrer les jeunes femmes et les faire bénéficier de mon expérience dans le secteur minier. Il est réjouissant d’observer ces jeunes femmes s’épanouir et se sentir à l’aise dans un secteur où le réseau des anciens joue prétendument un grand rôle. »

Chef d’entreprise, Mme Lassonde se passionne pour le secteur minier. Certains avancent qu’elle était prédisposée à cette branche, étant donné que son père n’est nul autre que Pierre Lassonde, un des plus grands experts du secteur miniers au Canada, cofondateur de la société minière Franco-Nevada et ancien président de Newmont Mining, la plus grande entreprise productrice d’or au monde. Et ils n’ont pas tort. Le contexte familial dans lequel évoluait Mme Lassonde a grandement contribué à son orientation professionnelle. « J’adore ça. Pour moi, une mine à ciel ouvert est une merveille », s’exclame-t-elle. C’est toutefois un emploi d’été à la mine Goldstrike de Newmont à Elko, au Nevada, qui est venu confirmer son choix de carrière. « Je n’aurais pu rêver d’une meilleure formation », mentionne Mme Lassonde, tout en précisant que c’est au début des années 1990 qu’elle a fait ses armes au sein de Newmont, soit bien avant que son père se joigne à la société. « Ironiquement, j’ai travaillé pour Newmont avant que mon père le fasse. Tout ce que j’ai pu y apprendre… Quelle expérience! Et tout cela me sert encore aujourd’hui. »

Une fois son diplôme en poche, Mme Lassonde a travaillé dans le domaine des services bancaires d’investissement. Un excellent tremplin selon elle, puisqu’elle a appris l’art de la structure et le souci du détail. « Je suis heureuse d’avoir vécu cette expérience, mais ce n’était pas un domaine qui me passionnait. Je me suis donc tournée vers les petites sociétés minières. Il s’agit d’un secteur des plus compétitifs en raison des risques présents, explique Mme Lassonde. Chaque jour apporte son lot de problèmes, de questions ou de défis. On ne s’ennuie jamais. »

Pam Strand a su cerner l’esprit d’entrepreneuriat qui animait Mme Lassonde et a fait à cette dernière une proposition qui en aurait fait sourciller plusieurs : l’achat de la mine de diamants Jericho au Nunavut. La mine avait suscité tout un engouement en 2006, pour finalement cesser ses activités 2 ans plus tard, alors que la société Tahera Diamond, propriétaire de la mine, était confrontée à la faillite. « Pam savait que la mine avait été mal gérée et exploitée. Elle est venue me voir et m’a dit : “Je ne pense pas y arriver seule, mais je sais qu’ensemble, nous le pourrons” », se souvient la principale intéressée.

Le 1er mai de cette année, Shear Diamonds a annoncé qu’elle avait réussi, en 10 jours seulement, à récupérer 3 500 carats des 358 tonnes de résidus, prouvant que Tahera avait failli à la tâche et que la mine pourrait être rentable si les processus étaient revus.

Mme Lassonde conclut : « Il y a encore beaucoup à faire avant de relancer l’exploitation à la mine Jericho, mais nous abordons une étape à la fois. Il y a beaucoup de prospection aux gisements près de la mine Jericho, et nous savons que certains endroits sont prêts à être forés, ce que nous espérons faire sous peu. J’ai toujours aimé les défis. Tout le monde le sait. »